Comment les pays européens financent-ils leurs retraites ?

Face au défi commun du vieillissement de la population, les pays européens explorent diverses stratégies pour financer leurs systèmes de retraite. Entre répartition, capitalisation et ajustements des paramètres, chaque modèle présente ses spécificités. Voici un tour d’horizon des pratiques en vigueur chez nos voisins européens.

Un âge légal de départ à la retraite souvent plus tardif

En 2024, la majorité des pays de l’Union européenne affichent un âge légal de départ à la retraite supérieur à celui de la France (64 ans d’ici 2030). Par exemple :

  • Allemagne : 66 ans, avec une montée progressive à 67 ans d’ici 2031.
  • Pays-Bas et Portugal : 67 ans, ajustés selon l’espérance de vie.
  • Danemark : 67 ans aujourd’hui, 69 ans en 2030.

Ces ajustements visent à préserver l’équilibre entre actifs et retraités face à une espérance de vie croissante.

Des durées de cotisation variées

La durée nécessaire pour obtenir une retraite complète varie entre 35 et 45 ans selon les pays. Les États privilégiant la répartition, comme la France (43 ans en 2027) ou la Belgique (45 ans), imposent des durées plus longues. À l’inverse, dans les pays combinant répartition et capitalisation, cette durée est réduite, oscillant entre 35 et 40 ans (Danemark, Suède, Royaume-Uni).

En Suède, l’âge de départ à la retraite est flexible : dès 63 ans, avec la possibilité de continuer à travailler au-delà de 69 ans, sous accord de l’employeur.

Répartition et capitalisation : deux systèmes complémentaires

La répartition : un modèle traditionnel

Ce système repose sur les cotisations des actifs pour financer les pensions des retraités actuels. Les droits à pension se construisent en parallèle, en fonction des cotisations versées.

La capitalisation : un levier d’optimisation

Dans les systèmes à capitalisation, les cotisations sont placées sur les marchés financiers. Les revenus générés (dividendes, plus-values) bonifient les pensions. Aux Pays-Bas, par exemple, avec des cotisations de 25 %, le taux de remplacement net de la retraite atteint 93,2 % du dernier salaire, contre 71,9 % en France avec des cotisations de 28 %.

Le modèle suédois : stabilité et incitation

Le système suédois combine deux piliers publics :

  1. Répartition avec comptes notionnels : Les cotisations constituent un capital virtuel, converti en pension en fonction de l’espérance de vie.
  2. Capitalisation individuelle : Une partie des cotisations est placée dans un fonds choisi par l’assuré.

Ces régimes publics sont complétés par une pension professionnelle (capitalisation collective) et une épargne retraite individuelle. Ce modèle incite à travailler plus longtemps pour maximiser sa pension, tout en étant financièrement stable pour l’État.

Taux de remplacement et pouvoir d’achat des retraités

Le taux de remplacement net, qui mesure la pension en pourcentage du dernier salaire, varie fortement selon les pays :

  • Portugal : 98,8 %, un des taux les plus élevés en Europe.
  • Pays-Bas : 93,2 %.
  • France : 71,9 %.
  • Allemagne : 55,3 %.

Les systèmes intégrant la capitalisation permettent d’obtenir des pensions plus élevées à cotisation équivalente, grâce aux rendements financiers.

Des modèles hybrides pour un avenir durable

Face à l’allongement de la durée de vie, les pays européens cherchent à rendre leurs systèmes de retraite plus durables tout en maintenant un niveau de vie adéquat pour les retraités. La capitalisation, en complément de la répartition, s’impose dans de nombreux États comme une solution efficace pour conjuguer équilibre financier et retraite confortable.