
Malgré des avancées notables sur le terrain de l’égalité, les femmes restent aujourd’hui sous-représentées dans l’univers de la gestion de patrimoine. Cette situation perdure malgré une prise de conscience croissante des acteurs du secteur et des tentatives pour faire évoluer les mentalités et les pratiques.
Une disparité encore marquée entre hommes et femmes
Les chiffres récents issus de plusieurs milliers de recommandations patrimoniales révèlent un déséquilibre structurel :
- Seules 38 % des décisions patrimoniales sont initiées par des femmes, contre 62 % par des hommes.
- Le revenu moyen des femmes clientes est inférieur de 29 % à celui des hommes.
- Les femmes montrent en général un comportement d’épargne plus prudent, souvent qualifié de « biais conservateur ».
Ce manque d’audace dans les choix d’investissement, associé à des revenus moindres, freine mécaniquement la constitution et la valorisation de leur patrimoine à long terme.
L’impact des biais inconscients dans l’accompagnement
L’innovation technologique permet d’améliorer l’accessibilité aux services de gestion de patrimoine, en démocratisant l’accès à des outils pédagogiques et des simulations financières. Néanmoins, le rôle du conseiller reste déterminant. Et c’est ici que se cristallisent certains freins.
De nombreuses analyses ont démontré que les conseillers, souvent sans le vouloir, adaptent leurs recommandations à des stéréotypes genrés. En anticipant une réticence des femmes face au risque, ils renforcent malgré eux des stratégies d’épargne trop prudentes, peu favorables à la croissance du capital.
Des biais subtils mais révélateurs
Dans les situations de conseil conjugal, les biais apparaissent dès les premières formalités. Dans une large majorité des cas, c’est le conjoint masculin qui est désigné comme « teneur de compte » principal, même lorsque les deux partenaires participent activement à la démarche. Cette représentation renforce implicitement l’idée que l’homme serait le principal gestionnaire du patrimoine familial.
Vers une approche plus inclusive de la gestion de patrimoine
Pour corriger ces déséquilibres, certaines pratiques évoluent. Parmi les leviers identifiés :
- La constitution d’équipes mixtes et paritaires dans les cabinets de conseil.
- L’intégration explicite de critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) en faveur de l’égalité femmes-hommes.
- Une pédagogie renforcée pour mieux accompagner les femmes dans leur stratégie patrimoniale, en leur donnant les outils pour comprendre, comparer et décider.
L’objectif est clair : permettre aux femmes de prendre confiance dans la gestion de leur épargne, et leur offrir un accompagnement sur mesure, libéré des présupposés genrés.
Conclusion : un enjeu de justice et de performance
Réduire l’écart de patrimoine entre les sexes passe par une meilleure reconnaissance des biais inconscients dans les pratiques de conseil et une volonté collective d’agir. La parité dans l’épargne ne doit pas être un effet de mode, mais une priorité durable.
Avec une approche plus personnalisée, pédagogique et inclusive, le secteur de la gestion de patrimoine peut jouer un rôle central dans la réduction des inégalités économiques entre femmes et hommes.